Humoresques

Le salon de l'Araignée

images/stories/Le Salon de laraigne003_300.jpgEmmanuel Pollaud-Dulian, Le Salon de l'Araignée et les aventuriers du livre illustré. 1920-1930, Paris, Michel Lagarde, 2013, 238p., 35€

mot-clé : Gus Bofa, Salon de l'Araignée, illustration, humour graphique

 

L'intérêt pour le salon de l'Araignée trouve enfin un ouvrage à la mesure de son originalité. Ce salon longtemps méconnu par absence de documentation centralisée sort opportunément en parallèle avec la superbe  biographie de Gus Bofa du même auteur (également présentée dans cette rubrique bibliographique). L'Araignée est le plus petit des grands salons. Son fondateur, Gus Bofa y a rassemblé certains des dessinateurs les plus originaux de leur temps, autour du livre illustré.....

"Gus Bofa crée le Salon de l’Araignée en 1919 pour grouper et pousser les dessinateurs rescapés de la guerre. Il veut les encourager à développer une œuvre personnelle et s’affranchir des limites et des conventions stérilisantes du dessin de presse. Il veut aussi en finir avec la « vieille gaîté française » et les soi-disant humoristes qui, pendant la guerre, se sont discrédités en collaborant au bourrage de crânes. Il faut en finir avec la tourbe « des rigolos , des grivois, des égrillards, des badins, des bonimenteurs, des pitres, des déments et paralytiques généraux et autres chevaliers de l’humour ».
Il n’est pas question de jury, de prix, ni même de sélection. La curiosité ou l’amitié président au choix des invités et l’Araignée se développe et évolue par affinités électives. Le nombre des artistes exposés varie de  30 à 40 selon les années.
Le Crapouillot salue un salon qui apporte « un renouvellement de l’art, dans le sens de la fantaisie véritable, (…) une réhabilitation de l’imprévu comme  moteur sentimental, dont est né le génie d’un Villon, d’un Laforgue et - mon Dieu ! – d’un Charlot, une renaissance de l’humour jusqu’à présent (…) débité au compte-gouttes par les trafiquants de la gaieté obligatoire. »
L’Araignée joue un rôle de premier plan dans l’édition moderne. Elle accompagne et encourage les efforts de jeunes artistes et éditeurs pour faire du livre illustré une forme d’expression moderne. « Etait-il, » demande André Warnod, admissible que le livre retarde de cinquante ans ? Pouvait-on admettre que les illustrateurs fussent des peintres tenus en dehors des grands mouvements qui marquent notre époque ? S’il s’ouvrait un jour la librairie de l’Araignée, les bibliophiles seraient certains d’y trouver toujours les livres les plus neufs, les plus caractéristiques de cette renaissance apportée dans l’art du livre. »
En 1927, Gus Bofa, voyant venir un succès commercial qu’il juge dangereux, met fin à l’aventure.
Ce livre, publié par les éditions Michel Lagarde, loin d’être un ouvrage pour spécialistes, veut permettre au public de voir les dessins d’artistes tombés dans la clandestinité artistique : Gus Bofa, Chas Laborde, Pierre Falké, Masereel, Charles Martin, Dignimont ou Serge. Loin d’être une assemblée d’esthètes futiles, l’Araignée témoigne de l’exubérance mais aussi du malaise des Années Folles, décrivant la vie sous tous ses aspects, même les plus sombres et les plus sordides". (Emmanuel Pollaud-Dulian)

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