Humoresques

Humour et engagement politique

Présentation de Humour et engagement politique par Patrick CHARAUDEAU (Limoges, édition Lambert-lucas, 2015, 220 pages, 20 €)

L’humour est essentiellement une affaire de langage. Qu’il s’exprime de façon orale, écrite, ou sous forme de dessin, c’est toujours d’une conceptualisation du monde qu’il s’agit. Mais d’une conceptualisation qui se fait au prix d’une désaliénation de tout mode d’expression codée.

L’humour, on le sait, est transgressif, parfois subversif. Transgressif, il va contre la norme, contre ce qui apparaît la normalité humaine, une représentation de la vie en société que construisent les individus afin de se donner l’illusion du bien vivre ; mais une transgression au risque de renforcer la norme. Subversif, c’est la norme même qu’il met en cause, qu’il interroge de l’intérieur, dans son fondement ; mais une subversion au risque de nous laisser en suspend. Dans un cas comme dans l’autre, c’est le miroir lisse de la normalité du monde qui se brise, ouvrant la porte d’un autre possible qu’on n’ose toujours franchir. Cependant, la transgression, qui peut aller jusqu’à l’outrance, comme le déclarent les humoristes, et particulièrement les dessinateurs ici interviewés, n’est ni bonne ni mauvaise en soi. Il n’est de transgression ni de subversion dans l’absolu. La question est : Qui transgresse quoi, quand et où ? Car, comme pour tout acte de langage, sa signification dépend d’une voix et d’un corps plongés dans un certain contexte socio-historique. Alors, peut être posée cette autre question : à quoi sert une transgression ? Contribue-t-elle au progrès humain ?

De l’engagement politique

S’engager, c’est à la fois se lier par une promesse à une personne ou une cause, et se compromettre dans une action en donnant comme gage sa propre personne. L’engagement est donc le résultat de trois composantes : un mouvement qui consiste en une décision, la décision d’agir que doit prendre l’individu et qui le conduira à se comporter d’une certaine façon ; une relation, en ce que tout engagement constitue un contrat que l’individu passe avec un autre, cet autre pouvant être une personne, un collectif ou lui-même ; une pensée, car l’engagement doit avoir un motif, il se prend au nom d’une valeur transcendante, au nom de quoi et pour quoi se fait l’engagement. En conséquence, l’engagement excède toujours le sujet, car se faisant au nom d’une valeur et au regard d’un autre, il est toujours d’une façon ou d’une autre un acte public. Il y a cependant deux façons de considérer l’agir qu’implique l’engagement, et deux types de rapport que le sujet peut entretenir avec la valeur. L’agir peut se résoudre dans une action (ou série d’actions) concrète qui lie le sujet, dans un même mouvement, à un groupe et à la façon dont le groupe défend et conçoit les valeurs et les actions à tenir. C’est le cas des engagements militants (partis, résistants, groupes associatifs, groupes armés, etc.), au prix d’un renoncement du sujet à la singularité de son positionnement (qui peut aller jusqu’à l’aveuglement et la surdité). Car l’engagement est marqué au coin du paradoxe : il est un acte de liberté mais d’une liberté soumise à des obligations, les obligations du serment. D’une autre façon, l’agir peut consister en un comportement qui témoigne d’une attitude : « L’attitude de l’intellectuel, de l’artiste qui met sa pensée ou son art au service d’une cause »[1]. Une attitude qui peut s’exprimer par des déclarations publiques, des participations à diverses manifestations, des écrits ou des productions artistiques, sans que le sujet soit nécessairement affilié à tel ou tel parti, tel ou tel groupe. C’est le cas qui nous intéresse ici, car l’engagement de l’artiste ou de l’intellectuel relève davantage de cette attitude de témoignage que d’une action concrète militante, même si chez certains les deux peuvent se confondre. Il n’est pas un engagement militant, mais un engagement de la personne contre ce qui ne va pas, ce qui est jugé injuste ou absurde, comme le clament les deux dessinateurs de presse, Loup et Kroll, interviewés dans cet ouvrage. Concernant la relation que le sujet entretient avec la valeur au nom de quoi il s’engage, elle peut être de deux ordres : ou le sujet obéit à quelque chose qu’il ressent, qui est intrinsèquement en lui, et qui doit être défendu envers et contre tout (et tous) ; ou il considère que ce quelque chose est bon pour tous, et que donc il doit être obligatoirement donné en partage aux autres. On retrouve ici les deux mouvements de l’éthique définis par Max Weber : l’éthique de conviction qui fait se mouvoir le sujet au nom d’une voix intérieure qui s’impose à lui, une sorte d’« impératif catégorique » qui n’a pas à tenir compte des autres ni des conséquences de ses actes, au risque d’effets pervers ; l’éthique de responsabilité qui porte le sujet à faire partager sa valeur aux autres, en tenant compte de ce qu’ils sont et des circonstances qui président à ce partage, mais au risque d’effets prosélytes. Pour ce qui est des artistes et des intellectuels, on peut penser que leur engagement se fait plutôt dans le mouvement d’une éthique de conviction : ils se présentent comme « grands témoins », « porte-parole » d’une voix qui les habite, s’offrant à toutes les critiques, exclusions, excommunications et agressions qui pourraient les menacer. Les interviews du dessinateur Loup (voir : « Au-delà du miroir »), des humoristes maghrébins (voir : « Humour et engagement sociopolitique sur la rive sud de la Méditerranée au temps du printemps arabe ») et du cartooniste Kroll (voir : « Le devoir d’ingratitude ») qui se trouvent dans ce dossier sont révélatrices, entre autres choses, de ce positionnement de « grands témoins ». La frontière est ténue entre ces deux éthiques, et la tentation grande de vouloir que les autres adhèrent aux valeurs que l’on défend en prenant le même train. C’est souvent le cas pour les intellectuels (du moins en France, où il y a une tradition du double engagement). C’est plus compliqué pour les artistes qui sont davantage dans l’attitude du témoin qui prend parti au nom de ce qui l’anime intérieurement. Et pour les humoristes, se pose la question de leur double positionnement : en tant que personnalité civile et citoyenne ; en tant qu’auteur de sketches ou de caricatures. Dans quelle mesure l’un influe sur l’autre. On connait des cas de malentendus (Bedos et son sketch sur Marrakech), et c’est la difficile question de l’humour de Dieudonné dont les interventions hors scène tantôt brouillent, tantôt dénient, tantôt renforcent les propos jugés antisémites de ses sketches, ce qui est mis en évidence par l’étude qui lui est consacré dans ce dossier (« L’humour de Dieudonné : le trouble d’un engagement »). Quant au qualificatif « politique » qui est adjoint à l’engagement, il peut être entendu de deux façons. De façon restrictive comme caractérisant ce qui concerne le pouvoir, sa gouvernance et ses institutions, en y incluant l’action citoyenne du peuple souverain pouvant se constituer en contre-pouvoir par le biais d’organisations partisanes et syndicales. De façon large comme caractérisant les actions de la société civile qui, organisée en association, en communauté ou en groupes de défense d’intérêts, prend parti dans des conflits de société au nom de valeurs morales, et cherche, d’une manière ou d’une autre, à influencer les pouvoirs publics. C’est dans ce sens qu’il faudra entendre politique pour l’action des humoristes, bien que, les concernant, la situation est différente de celle des groupes d’action en ce qu’ils parlent et dessinent en tant qu’individus, et  que s’il leur arrive de critiquer les pouvoirs publics, c’est toujours dans un au-delà, celui des valeurs humaines : le trait humoristique est toujours personnalisé.

L’humour change-t-il ?

L’humour, comme toute pratique artistique, dépend du contexte historique et culturel dans lequel il se déploie. Ce qui choquait dans le passé a pu se banaliser avec le temps. Ce qui était transgressif et inacceptable à une époque devient acceptable pour une époque postérieure. Car les valeurs morales sont soumises aux temps et aux lieux qui les ont vu naître, et si l’infâmant d’hier peut être jugé banal, voire louangeur aujourd’hui, l’humour d’hier peut également devenir insupportable aujourd’hui, y compris juridiquement (voir « Les “lois du genre” du discours humoristique »). Il n’est pas sûr que les Desproges, et Coluche prenant pour cible les Juifs dans les années quatre-vingt seraient reçus sans une quelconque action en justice de certaines associations luttant contre le racisme. Aujourd’hui, on le sait, on se trouve dans une postmodernité où les repères (identitaires, sociétaux, éthiques) ne sont plus ceux du XXe siècle ; où les formes d’engagement changent, devenant plus massives, moins partisanes car elles agrègent des individus à options politiques différentes, voire opposées ; où les lieux de manifestation se mondialisent (les « indignés »), avec des groupes d’acteurs, autrefois minorités invisibles, devenant visibles, se constituant en communautés de lutte (mouvements ethniques, religieux, féministes, homosexuels, sans papiers, etc.). Aujourd’hui, il faut bien le dire, il y a de nouveaux tabous : l’antisémitisme, le racisme, le négationnisme, le révisionnisme, ainsi que ce qui touche au féminisme et à l’homosexualité. Non point parce qu’il serait interdit d’en parler (au contraire), mais parce que toute parole ayant l’air de se présenter comme telle serait insupportable et condamnable. Les valeurs s’en trouvent affectées dans un brouillage (les médias aidant) qui ne facilite pas la clarté des positionnements. Se pose donc la question du positionnement de nos humoristes au regard de tous ces bouleversements, et des formes d’humour qu’ils sont conduits à mettre en scène, ce qui apparaît quand on compare les humoristes d’époques et de cultures différentes. Pour certains[2], l’humour subversif à la Molière a disparu. Il est devenu explicite dans la mesure où il exploite la veine sociale non conformiste susceptible de plaire à qui veut s’y reconnaître pour diverses raisons. Les humoristes d’aujourd’hui feraient profession de scandale sans que l’on sente un désir de regarder le monde autrement. La généralisation est excessive et injuste pour certains humoristes, mais il est vrai qu’à partir du moment où l’humour – ou une expression artistique quelconque – est exploitée à des fins de spectacle marchand, on peut se poser des questions quant à sa signification, et d’ailleurs certains humoristes se les posent, comme on le lit, ici  même, dans les interviews de Loup et Kroll. Quoi qu’il en soit, cela met en cause l’idée d’un humour universel. En son mouvement de transgression et de subversion, il est effectivement intemporel. De plus, certaines de ses formes, telles l’ironie, le sarcasme, l’insolite, etc.[3], se retrouvent à diverses époques et dans divers pays. Mais l’acte humoristique est le résultat d’une combinaison entre les formes d’humour, les cibles qui sont visées, la thématique qui en est l’objet et l’image personnelle de l’humoriste qui s’élabore au fil de ses prestations. L’étude consacrée à Dieudonné montre comment une certaine combinaison de ces composantes peut aller jusqu’à des dérives mortifères. La contribution de Nelly Quemener (« Chroniques du désengagement. L’humour d’actualité, entre dispersion et fragmentation ») qui met en contraste les humoristes contemporains avec ceux des années soixante à quatre-vingt, montre en quoi l’humour varie en fonction des données du contexte sociohistorique et des tabous qui le caractérisent. Celles de María Dolores Vivero & María José del Río (« La caricature dans les cultures française et espagnole. Quand les dessinateurs prennent position contre les élites ») et d’Anne-Marie Houdebine (« Les dessins de presse, leur humour et ses enjeux critiques ») qui étudient les dessins de presse, mettent en évidence les différences entre les contextes français et espagnol, différences qui tiennent à la façon dont on perçoit la vie sociale dans chacune de ces cultures. Quant à l’étude de Mokhtar Farhat (« Humour et engagement sociopolitique sur la rive sud de la Méditerranée au temps du printemps arabe »), elle montre en quoi l’humour dépend du contexte culturel et événementiel, particulièrement en temps de crise sociale. À cet égard, les propos du dessinateur Kroll, recueillis par Philippe Marion, mettent en lumière ce que peuvent être les différences d’humour entre deux cultures qui partagent pourtant la même langue : l’humour français, jugé sentencieux et donneur de leçon, l’humour belge plus détaché et porté sur la dérision (voir : « Le devoir d’ingratitude »).

Et le public ?

On aurait tort de croire que tout le monde réagit de la même façon aux traits d’humour et à leur effet provocateur. Les différences de classe sociale, de milieu professionnel, de lieu géographique (urbain ou rural, de grande ou petite ville), de famille de pensée, partagent le public. Certes, le contrat humoristique place le récepteur dans la situation de devoir considérer que tout ce que dit l’humoriste ne doit pas être pris au sérieux. Mais en même temps, les cibles de l’acte humoristiques étant les désordres du monde, les injustices sociales, les absurdités et contradictions des normes de vie, le ridicule de certaines situations et comportements humains, les abus de pouvoir des puissants, les idées hégémoniques mortifères de certains groupes ou communautés (religieuses, ethniques, raciales, homophobes, sexistes, etc.), ces mêmes récepteurs sont appelés à partager la mise en critique de la cible, sa mise en ridicule. Parfois, c’est le flou de l’imaginaire social qui influe sur l’humoriste. Nelly Quemener montre dans son étude comment l’humour peut être l’expression, via les mouvements sociaux, d’un mécontentement populaire, et partant, d’un contrepouvoir. Mais parfois, l’opinion publique est prise à contrecourant. Il faut donc, pour que le public adhère aux propos de l’humoriste, voire fusionne avec celui-ci, que se produise, surtout s’il a des raisons de se sentir visé, une suspension provisoire de ses « normes de référence », et qu’il puisse activer une contre-norme qui permette au sujet de se « défouler »[4]. Ainsi s’explique que lorsque des stéréotypes (ethniques ou religieux) sont attaqués en présence des intéressés, la critique soit acceptée comme un second degré permettant l’autodérision[5]. S’explique aussi, mais a contrario, que, lorsque la norme de référence ne se suspend pas, une partie du public puisse prendre la critique au premier degré, créant un malentendu comme ce fut le cas de Guy Bedos avec son sketch « Les vacances à Marrakech ». Cette question de la suspension provisoire des valeurs et usages sociaux normatifs dépend évidemment des circonstances de réception de l’acte humoristique qui peuvent jouer un rôle plus ou moins fort de contrôle social : présence du groupe d’appartenance, famille, amis, groupe ethnique, etc. C’est là le piège de l’humour en salle de spectacle : le public, qui est pourtant hétérogène, se sent un devoir de solidarité vis-à-vis de l’humoriste comme s’il se reconnaissait appartenant à un seul et même groupe de connivence. Se produit alors un phénomène de catharsis qui, au détriment de l’estime de soi, lui permet de prendre des revanches, voire de se venger fantasmatiquement de ceux qui l’oppriment (les blagues contre les tyrans en contexte de dictature), ou dont ils se croient être les victimes (comme le montre l’étude sur Dieudonné), et de se libérer des interdits et des tabous. Mais l’humour peut aussi avoir un effet salutaire lorsqu’il fait communier les individus dans une solidarité confraternelle. Anne-Marie Houdebine le dit dans son étude : « Les dessins de presse deviennent ainsi une aide, montrant au lecteur qu’il n’est pas seul devant des événements graves, des réalités sociales ou mondiales dramatiques. »

*

La vraie provocation émane de celui qui ne l’a pas cherché et chez qui elle a surgi comme une nécessité, comme un « malgré soi ». Mais la provocation est aussi un effet qui est jugé par le récepteur, lequel la qualifie comme telle. C’est là que se pose la question de la liberté d’expression et c’est ainsi que fleurissent les procès en diffamation. À cet égard, doivent être discutés le degré de responsabilité de l’humoriste et le bien fondé de ses mises en accusation, ce dont traite la jurisprudence française. La contribution de Basile Ader Les “lois du genre” du discours humoristique ») qui décrit les critères définissant les « droits à l’humour » et ses limites, permet de comprendre, par effet de retour, que la provocation n’est pas un absolu mais un acte qui dépend de certaines circonstances. La question n’est donc pas tant d’aller systématiquement contre le politiquement correct, car à force, il devient un nouveau correct, mais contre ce qui paraît normal et qui dans le fond est injuste ou obscène. Le bouffon du roi et les carnavals sont des moments éphémères de mise en cause du pouvoir qui, au bout du compte, le renforce, puisque c’est le prince qui le permet. L’humour engagé, le vrai, le provocateur, est celui qui émane d’un humoriste insoupçonnable. Oui, mais alors, quel est le critère d’« insoupçonnabilité » ?

À l’exception de celle de Brito, les contributions à cet ouvrage ont toutes été écrites avant l’attentat de Charlie Hebdo. Mais les auteurs voudraient rendre hommage à Cabu, Wolinski, Tignous, Honoré et les autres qui viennent d’être assassinés au nom d’un prophète qui n’a jamais donné un tel mot d’ordre, car ils sont, eux, insoupçonnables quant à leur positionnement anti- : ils ne sont ni antimusulmans, ni antisémites, ni antichrétiens (si l’on entend par là des peuples) ; ils sont seulement anti-extrémismes, antitotalitarismes, autrement dit, comme ils le  disent eux-mêmes : « anti-connerie »[6]. Aujourd’hui[7], les cons se sont retournés contre eux. Est-ce justice ? L’humour est en deuil. Mais il n’est pas mort. Il n’aura de cesse de transpercer de ses flèches caustiques les intolérants de tout poil. Et tel l’œil qui regardait Caïn dans sa tombe, l’humour ne cessera de regarder, accusateur, les assassins de toute obédience. Cela ne doit pas nous empêcher de réfléchir sur cette question si difficile à trancher : En quoi consiste la responsabilité de l’humoriste ? Il ne peut en effet se désengager de son acte qui, comme tout acte humain, oblige à la réflexivité. On peut donc se demander légitimement si refuser des limites à la liberté d’expression, ce n’est pas, d’une certaine manière, nier la création artistique, dont on sait qu’elle n’est jamais meilleure que dans le dépassement des limites ; si ce n’est pas s’exonérer de la responsabilité citoyenne qui oblige à penser le respect des différences ; et si ce n’est pas, au bout du compte, faire obstacle à la liberté humaine qui se fonde sur l’existence de contraintes. Et puisque l’on parle d’engagement, deux mots sur l’éthique du chercheur. Le premier engagement du chercheur en sciences humaines et sociales est celui de cette difficile tentative de mettre entre parenthèses ses propres opinions pour pouvoir analyser son objet sans parti pris. Car que serait la crédibilité de son travail si l’on savait qu’il était de parti pris ? Quelle serait la validité de ses analyses si l’on s’apercevait qu’il a cherché à coller avec une opinion, qu’elle soit dominante (la doxa) ou minoritaire ? Cela ne veut pas dire qu’il ne s’autorise pas la critique. Mais il ne confond pas critique et dénonciation. La dénonciation stigmatise, accuse. La critique examine, met en regard des contradictions, va à l’encontre des pensées toutes faites, révèle, si besoin est, les sens que les discours convenus occultent. Cela n’empêche nullement le chercheur d’avoir et de défendre en d’autres lieux ses propres opinions. Mais il doit, autant que faire se peut, et même si cela est parfois difficile, s’appuyer sur un principe de distance. C’est une question de probité intellectuelle, d’éthique de responsabilité. C’est cette posture qu’ont tenu les différents auteurs des articles de ce dossier



[1]Dictionnaire historique de la langue française, Le Robert, 1994.

[2]Lire l’interview de Jean-Loup Chiflet dans Le Dictionnaire des scandaleux, Le Nouvel Observateur, hors série, octobre-novembre 2014.

[3]À ce propos, voir les catégories de l’humour définies et discutées dans « Des catégories pour l’humour ? », Questions de communication, n° 10, 2006, et dans María Dolores Vivero Gacía, Humour et crises sociales. Regards croisés France-Espagne, Paris, L’Harmattan, 2011.

[4]Ce phénomène a été mis en évidence par des expérimentations en psychologie sociale. Voir C. Chabrol, « Enquête psycho-langagière sur les effets de l’humour en public », Questions de communication, n° 10, 2006.

[5] L’humour juif sur les Juifs ; Jamel Debbouze sur les Arabes.

[6]. La une de l’édition du 8 février 2006 montrait un Mahomet se voilant la face (dessin de Cabu) et s’exclamant, désespéré : « C’est dur d’être aimé par des cons. »

[7]Nous sommes en janvier 2015.

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