Humoresques

Vaincre les épidémies-1

 Agnès Sandras

VAINCRE LES ÉPIDÉMIES ENTRE 1900 ET 1929 : ISOLEMENT, MASQUES, SÉRUMS OU VACCINS

-PARTIE I. MESURES PRISES OU À PRENDRE ?

Dans ce billet, vous découvrirez les mesures prophylactiques contre la grippe proposées par les médecins en 1918 et la manière dont les autorités publiques, absorbées par la fin du conflit, tentèrent de les appliquer. La presse joua alors un rôle complexe, entre pédagogie, soutien et contestation. L’exemple des théâtres et cinémas est très parlant …

 

Dans la série humour et épidémies, nous avions vu que la pandémie de grippe en 1918-1919 (ou « grippe espagnole ») avait inspiré humoristes et/ou dessinateurs : rire conjuratoire, étonnement devant la nouveauté – comme le masque préconisé pour la population civile -, moyen de supporter l’indicible au moment où la fin annoncée d’un conflit avait laissé espérer au moins un répit à venir… Cet indispensable humour, destiné à apprivoiser la maladie et à tenir la mort à distance, ne doit évidemment pas gommer le travail des soignant(e)s et scientifiques qui travaillèrent alors d’arrache-pied pour soigner les malades et découvrir des moyens de stopper ou du moins entraver la fulgurante progression de la grippe. Outre les soins quotidiens apportés aux malades – et en particulier dans des hôpitaux parfois surchargés – , le corps médical s’attacha en effet à la mise au point de sérums et vaccins et à faire connaître les vertus de l’hygiène et des mesures préventives pour lutter contre la grippe (encore appelée influenza) et autres maladies contagieuses.

 Citer ce billet : Agnès Sandras, "Vaincre les épidémies entre 1900 et 1929 : isolement, masques, sérums ou vaccins – Partie I. Mesures prises ou à prendre ?," in L'Histoire à la BnF, 14/12/2020,   https://histoirebnf.hypotheses.org/10398(et mieux voir les images) 

La redécouverte récente des articles de la presse ou des dessins humoristiques incite à établir un parallèle entre les réactions autour de la ‘grippe espagnole’ et celles qui accompagnent aujourd’hui la Covid-19. Le parallèle semble d’autant plus troublant que la pandémie de 1918-1919 était, encore récemment, rayée de la mémoire collective : elle relève d’une « histoire du non-dit », d’une « histoire de l’oubli », comme le souligne dès 2018 Freddy Vinet1. J’essaierai donc dans la série qui vient d’identifier les espoirs – mais aussi les ratages … – qui ont entouré les épidémies de grippe entre 1919 et 1929. Ce balancement entre optimisme et découragement a sans doute marqué la mémoire collective, expliquant en plus des traumatismes individuels qu’ont constitué les innombrables deuils liés à la Grande Guerre et à la grippe, une longue amnésie et peut-être même un peu de nos réactions, comportements et discussions autour de la COVID-19… Trois billets s’attacheront aux mesures dites d’isolement des populations malades et fermetures de lieux publics, aux recherches sur sérums et vaccins contre la grippe et ses complications, au port du masque et de la voilette entre 1918 (grippe « espagnole ») et 1929 (nouvelle épidémie de grippe). Le quatrième billet et dernier billet de cette série sera consacré à la « variole noire » de 1907 : vite jugulé, ce début d’épidémie évoque en effet, par l’atmosphère qui l’entoure, des attitudes inhérentes aux pandémies passées et à venir…

masque 1L’Oeuvre, 6 mars 1929. Gallica (BnF).

Prophylaxie : en attendant sérums et vaccins2

En 1907, un journaliste du Gil Blas appelait de ses vœux (voir ci-dessous) un vaccin contre la grippe. Cet espoir n’avait rien de chimérique puisque les scientifiques savaient créer des sérums et des vaccins depuis plusieurs décennies, mais cela supposait d’identifier le(s) virus de la grippe/ des grippes. Il fallait aussi, une fois les vaccins inventés, qu’ils soient jugés utiles par les autorités et les potentiels malades … 

Ernest Jaubert, « Diatribe à la Grippe », Gil Blas, 24 février 1907. Gallica (BnF).

 

Avant la pandémie de grippe de 1918-1919, le vaccin contre la grippe est évoqué par les journaux comme la réponse possible à une maladie contagieuse et dangereuse. Rappelons en effet qu’«à la fin du XIXe siècle, on disposait de deux vaccins antiviraux, tous deux vivants : vaccin antirabique et vaccin antivariolique, ainsi que de trois vaccins bactériens tués : typhoïde, choléra et peste3 », et que depuis 1902, une loi rendait la vaccination antivariolique obligatoire4. Si elle n’est pas acceptée par tout le monde5, l’idée du recours au vaccin fait cependant désormais partie des possibles envisageables pour se prémunir ou guérir. L’épidémie de grippe en février 1907 (voir plus haut) semble avoir été plus particulièrement propice à l’idée d’un vaccin contre cette maladie :

Ces jours derniers, une de nos sommités médicales très au courant du mouvement sanitaire de Paris offrait de parier avec qui voudrait qu’il n’y avait pas en ce moment à Paris un seul immeuble où ne soient signalés au moins deux ou trois cas de grippe. « Et, ajoutait-il, toutes ces grippes, même les plus bénignes, ont un caractère contagieux. »

Va-t-il falloir trouver un vaccin contre la grippe6 ?

Cet entrefilet s’avère être en fait … une opération publicitaire ! Dès le lendemain, il est republié et complété par une annonce7 : le vaccin vient d’être trouvé et consiste … en pastilles contre la toux, à base de goudron de Norvège, alors célèbres pour la variété de leurs astucieux supports publicitaires8!

Cheret» Si vous toussez prenez des pastilles Géraudel « : affiche de Jules Chéret], Imp Chaix (Ateliers Chéret), 1896. Gallica (BnF).

Le 11 février, dans sa « Chronique du lundi » du Petit Journal, Félix Duquesnel raconte la pénible grippe qu’il vient de subir. Il espère un vaccin salvateur que pourrait créer par exemple l’Institut Pasteur, inauguré en 1888 :

Ce qui est certain, c’est [ …]que le mal est plus que désagréable, et qu’il est, parfois, très dangereux. S’il ne se cantonne pas dans quelque organe essentiel : poumons, intestins, estomac, on s’en tire encore. Ça n’est que l’ennui de l’incommodité, l’inconvénient de souffrir longtemps. Mais s’il prend forme infectieuse et s’attaque aux organes en question, on a les plus grandes chances de rester en route, et de grossir la liste déjà terriblement longue des victimes. Et le remède ? direz-vous. Le remède ? Il est très simple, et d’une application facile : il n’y en a pas ! Interrogez les médecins. Au lieu de vous répondre, ils esquissent un vague mouvement d’épaules, que Molière traduisait : Nescio ! soit : Je ne sais pas ! Car il y a, hélas ! encore bien des choses que ces messieurs ne savent pas… à peu près tout ! Peut-être découvrira-t-on, quelque jour, le vaccin qui devra nous débarrasser de cette insupportable épidémie. Osiris Ifla [sic], le millionnaire qui vient de léguer la moitié de sa fortune, soit vingt-cinq millions, à l’Institut Pasteur, sera peut-être le bienfaiteur à qui on devra indirectement la découverte du sérum «immunisateur9 ».

Le député-médecin allemaniste Adrien Meslier a un discours d’une autre nature dans L’Humanité. Après avoir rappelé la nécessité de combattre le fléau que représente la grippe, il s’agace des identifications successives des microbes et prédit des vaccins coûteux et inutiles concoctés par des médecins peu respectueux. Meslier vise certainement le docteur Eugène Doyen, alors en plein procès avec l’Américain Crocker dont il avait tenté de soigner la femme avec un sérum anti-cancéreux, en demandant des honoraires faramineux10 :

Non pas un, non pas dix, mais cent, mais mille. Chacun a décrit le sien ; celui-ci nous l’a montré rond comme un point sur un i ; celui-là nous le dessine, élégamment, cambré et allongé finement comme une virgule ; cet autre, que la Bourgogne inspire, nous fait le tableau riant et sinistre à la fois d’une jolie grappe de raisin, dont chaque grain est le redoutable agent du mal. Enfin, Pfeiffer, en 1892, sembla remporter la victoire et battre tous les records du microscope en nous révélant l’existence d’un diplocoque d’où venait tout le mal. Mais il n’est pas bien sûr que le triomphe du bacille double de Pfeiffer soit définitif. D’autres viendront, cultivateurs plus heureux de micro-organismes dans les bouillons de gélatine : ils en tireront même des sérums, des vaccins dont les billets de loterie véhiculeront la gloire néfaste et coûteuse. Cela est dit pour les serviteurs de la science qui sont des marchands du Temple11.

En 1918, avant que l’ampleur de la pandémie soit avérée, le vaccin contre la grippe reste aux yeux de beaucoup … l’humour ! Ainsi, Le Gaulois signale une chanson sur la grippe ajoutée à une revue comique du Logiz de la Lune rousse et indique qu’on rit à gorge déployée dans un autre cabaret :

De la Chaumière le programme
Est très sain.

La salle aussi ; c’est, je le clame,
Un bon vaccin

Contre la grippe et oui madame12.

Dans une fantaisie publiée par le Journal des mutilés, réformés et blessés de guerre en octobre 1918, un cobaye (un cochon d’Inde) se plaint longuement d’avoir survécu en vain aux combats militaires puis à différentes expérimentations pour des vaccins13. Il se sait en effet perdu à cause des essais en cours :

Mais, aujourd’hui, les journaux annoncent que deux médecins de Tunis ont repéré le microbe de la grippe espagnole. Cette découverte va sans nul doute susciter parmi les inventeurs de vaccins une louable émulation dont les auxiliaires seront appelés à faire les frais14.

Toutefois le docteur René Legroux, de l’Institut Pasteur, interrogé par Le Matin, se montre prudent quand on lui pose la question « sérum ou vaccin ?» après la découverte de Tunis. Il indique que les sérums déjà existants peuvent aider contre les détresses respiratoires et que le vaccin protégera de la grippe, et plus important encore de ses complications, mais que « sa mise au point, longue et délicate, et sa fabrication exigeront encore un temps tel qu’il serait illusoire de les voir réalisées avant la fin de l’épidémie actuelle15 ». Il préconise donc l’isolement pour les malades et le masque pour ceux qui les approchent (voir les extraits ci-dessous) …

Vaccin-grippe-matin-15-octobre-1918

Isolement des malades et masques : en France, un combat impulsé par les médecins lors de la seconde vague de grippe espagnole (octobre 1918)

Les conseils et croyances fantaisistes ne manquent pas dès le début de l’épidémie de grippe en 1918. Nombre de journaux remplissent volontiers leurs colonnes de « conseils de bonne femme », ou de publicités déguisées (voir plus haut) pour des remèdes proposés par des commerçants peu scrupuleux. Le succès des médications coûteuses et peu efficaces ne doit pas occulter le fait qu’à partir d’octobre 1918, les médecins s’adressent au grand public via la presse pour donner des conseils d’hygiène raisonnables, appuyés quant à eux sur les observations scientifiques des Académies et de l’Institut Pasteur. Isolement des malades et masque pour les soignants, à l’hôpital comme dans les familles, joints aux soins nécessaires et limités pour éviter les complications de la grippe, sont désormais le leitmotiv de la majeure partie des médecins.

Le 30 septembre, l’Académie des Sciences livre une note des docteurs Defressine et H. Violle, présentée par le docteur Émile Roux, sur la prophylaxie et le traitement de la grippe à Toulon. Ils rapportent les effets conjugués d’un sérum contre les complications de la grippe et du port du masque et indiquent : « Comme ces mesures sont absolument inoffensives et très faciles à mettre en pratique, nous nous permettons de les faire connaître, afin, en ce qui concerne tout au moins la seconde, de diminuer le pourcentage de la contagion et de ses suites parmi les personnes soignant les grippés16 ».

Début octobre, le sous-secrétaire d’État à l’Intérieur, le docteur Ernest Albert-Favre, envoie des instructions aux préfets de départements. La déclaration par les médecins des cas de grippe devient obligatoire. Le repérage de foyers de contamination peut entraîner les mesures suivantes :

Dès qu’un foyer aura été signalé, le Conseil départemental d’hygiène sera réuni pour examiner et arrêter les mesures de prophylaxie qui sembleront le plus propres à circonscrire et à enrayer l’épidémie naissante, autant qu’à en diminuer la gravité. La désinfection, d’une part, l’isolement des malades, d’autre part, sont particulièrement recommandés. La circulaire ministérielle contient également des instructions précises en cas d’extension grave de l’épidémie de grippe. Le caractère particulièrement contagieux de la maladie, est-il dit, vous ferait un devoir, en ce cas, de faire obstacle le plus possible aux agglomérations de population, et par suite, d’interdire les foires, théâtres, cinémas, concerts, réunions, etc. Mais une telle mesure ne devrait être prise qu’après consultation du conseil départemental d’hygiène17.

La rhétorique devient martiale dans Le Matin qui consacre sa une du 9 octobre aux « Nouvelles attaques alliées » et à « La guerre à la grippe – L’Académie mobilise ». Il indique qu’une commission spéciale de l’Académie a été désignée pour lutter contre la grippe, et le professeur Arnold Netter, interrogé pour son expérience en la matière, insiste sur les mesures prophylactiqueshttp://bibliotheque.academie-medecine.fr/les-francais-lacademie-et-la-grippe-espagnole/" style="border: 0px; font-family: inherit; font-style: inherit; font-weight: inherit; margin: 0px; outline: 0px; padding: 0px; vertical-align: baseline; color: rgb(166, 98, 0);">18.

Jodelet, « La Grippe espagnole« , La Presse, 7 octobre 1918. Gallica (BnF).

C’est alors au tour du sous-secrétaire d’État à la Santé, le docteur Louis Mourier, d’indiquer que l’isolement des malades est très conseillé ainsi que le port « selon la méthode américaine, de petits masques improvisés » qui seront « constitués au moyen de compresses en gaze, destinés à être appliqués au-devant du nez et de la bouche et imbibés en permanence, soit de goménol, soit d’eucalyptol19 ».

Devant l’élèvement très net de la mortalité, l’Académie de médecine, dont la presse et le grand public réclamaient l’intervention20 depuis plusieurs semaines, consacre sa séance du 15 octobre 1918 à « la prophylaxie de la grippe ». Le docteur Fernand Bezançon, spécialiste de la bactériologie respiratoire, donne lecture du rapport dressé par la Commission spéciale.

grippe espagnoleE. Marin, « Entre-cra-chats » [Docteur Fernand Bezançon], L’Album du Rictus, journal humoristique mensuel : tome III. Édition Paris, s. n., 1909-1910. Bibliothèque numérique Medicale

L’instant correspond sans doute à un moment où le gouvernement, ayant la quasi certitude que le conflit militaire est sur le point de cesser, estime qu’il est enfin loisible d’évoquer une situation sanitaire catastrophique. Des rapports de la Préfecture de police indiquent en effet une anxiété grandissante de la population parisienne devant les faits et les statistiques21. Les journaux, restés quasi silencieux pendant les premiers mois de l’épidémie (avril à août), sans doute peu conscients de sa gravité, multiplient les titres sur la grippe à partir d’octobre22.

La séance de l’Académie de Médecine répond à une « demande d’avis adressée par M. Mourier, sous-secrétaire d’État du service de santé militaire ». Le rapport indique que « La grippe doit être considérée comme une maladie spécifique particulièrement contagieuse […]  » et donne les conclusions suivantes :

La contagion se fait surtout par voie interhumaine ; elle est favorisée par l’encombrement et le défaut d’aération.

Pour assurer la prophylaxie il y a lieu :
1° D’éviter tout contact avec les malades contaminés et de faire l’antisepsie minutieuse de la bouche et du rhino-pharynx.

Les occasions de contagion sont particulièrement fréquentes dans les lieux de réunions multiples, nombreuses et réitérées, surtout dans les salles mal aérées et obscures, théâtres, cinémas à représentation ininterrompue.

Les métros et les voitures de transport en commun ne sont pas moins favorables à la propagation de la grippe ; comme on ne saurait songer à en supprimer l’emploi et même à en diminuer l’encombrement, au moins faudrait-il s’efforcer d’en réaliser une désinfection aussi complète et aussi répétée que possible ;
2° Pour les cas de grippe en évolution, l’isolement des malades entre eux et par rapport aux visiteurs est la meilleure mesure protectrice. Lorsque cet isolement ne pourra être réalisé d’une façon complète, on se trouvera bien des cloisonnements réalisés avec des moyens de fortune23.

Différentes mesures sont préconisées comme le tri des malades en fonction du degré de gravité de leurs pathologies afin d’isoler les cas les plus graves. Le masque est recommandé sur le modèle des hôpitaux américains :

Le port d’un masque analogue à celui dont les chirurgiens font usage au cours des opérations et que les Américains emploient aujourd’hui dans leurs hôpitaux de grippés constitue une précaution très utile dont il comporterait de généraliser l’emploi pour toute personne soignant des grippés et par les malades eux-mêmes quand ils commencent à se lever24

Ces conclusions adoptées à l’unanimité, plusieurs médecins exposent les moyens prophylactiques adoptés et leurs résultats. Les docteurs Hyacinthe Vincent et Lochon expliquent comment ils ont testé l’utilité des masques qu’ils ont conçus, en plaçant des boîtes de Pétri près de la bouche de patients. Pour eux en effet, les compresses de gaze utilisées par les Américains pour protéger nez et bouche sont insuffisantes. Ils préfèrent une cagoule confectionnée avec des épaisseurs de tarlatane, un viseur transparent, le tout emboîté sur une structure en métal et stérilisable25.

Dans cette séance, le docteur Henri Henrot rappelle qu’il a déjà inventé quarante-quatre ans plus tôt des masques pour protéger ses collègues de la contagion de la diphtérie (ou croup) puis contre différentes maladies dont le paludisme. Il ne semble rencontrer aucun écho, ses collègues étant sans doute gênés par le souvenir des railleries qui accueillirent alors certaines de ses propositions, et dont le dessin de Robida ci-dessous est peut-être une des manifestations…

masques 3Albert Robida, La guerre au vingtième siècle, Paris,1887. Gallica (BnF)

L’expérience tout juste menée par le docteur Paul Bar dans la clinique Tarnier rencontre un accueil favorable des Académiciens. L’épidémie ayant touché des patientes enceintes ou venant d’accoucher, des nourrissons et des infirmières, le médecin a isolé les malades, interdit les visites, imposé le port d’un masque et de gants aux infirmières et aux jeunes mères grippées lorsqu’elles allaitaient, obtenant des résultats spectaculaires26.

Ces différentes informations sont répercutées par les journalistes, conscients des enjeux sanitaires. Par exemple, La Patrie reprend le 16 octobre la note lue à l’Académie des Sciences en titrant  » La lutte contre la Grippe – Intéressantes communications à l’Académie des Sciences27 ». Une colonne consacrée à la grippe à la page 2 du Figaro du 17 octobre 1918 (voir un extrait ci-dessous) nous donne la tonalité pédagogique du mois d’octobre : à un compte-rendu détaillé du rapport de l’Académie de médecine qui se termine sur la préconisation du port du masque succèdent des statistiques éloquentes et l’évocation des premières mesures prophylactiques prises à Paris, Lyon et Clermont-Ferrand …

presse masqueLe Figaro, 17 octobre 1918. Gallica (BnF).

Ces différents chercheurs, suivis par des médecins de bonne volonté, répondent alors aux sollicitations de la presse pendant plusieurs semaines, répétant l’importance des mesures prophylactiques. Mais certaines de ces mesures s’avèrent difficiles à mettre en place…

Des mesures qui ont tardé ? « Gouverner, c’est prévoir. Prophylaxie signifie aussi prévoir »

Dans un pays concentré sur les opérations militaires à mener pour que le conflit cesse, désorganisé par des années de guerre, l’occupation de certains territoires et l’absence des classes d’âge appelées au front, les mesures prophylactiques s’avèrent compliquées à mettre en place. Les incohérences et le retard mis à les appliquer deviennent un enjeu politique dans la presse et à la Chambre. Nombreux sont ceux qui dénoncent un manque de coordination entre les différents services publics28 et réclament un ministère de la Santé ou de l’Hygiène29.

À Paris, une Commission du conseil municipal réunie le 18 octobre demande des « mesures énergiques » au Président du Conseil. « La lutte en Suisse est vigoureuse » indique alors le journal L’Éclair, citant en exemple les grandes villes comme Genève, Zurich, etc. qui ont interdit les rassemblements et fêtes, fermé théâtres, églises, universités, etc. Un ordre du jour déposé par le docteur Maurice Jeanneret-Minkine à Lausanne est même rapporté : « Le Conseil municipal [de Lausanne] invite la municipalité à prendre contre la grippe toutes les mesures que lui conseille la prophylaxie sociale, même si les intérêts privés sont lésés30».

La presse française dénonce le manque de mesures cohérentes dans des lieux tels qu’hôpitaux ou écoles. L’Oeuvre indique par exemple qu’à l’hôpital Laënnec les malades sont entassés à même le sol dans le service des grippés31. Le chef de service répond aussitôt par une lettre qui expose une situation en effet calamiteuse (manque d’infirmières – elles-mêmes grippées – , de locaux et de matériel…) et préconise que les familles qui le peuvent s’occupent de leurs malades en respectant les mesures prophylactiques32

Le Journal des Débats publie le 16 octobre une lettre d’un « pater familias » demandant que les établissements scolaires soient débarrassés des barricades qui les protégeaient des bombardements : « les locaux ainsi transformés en casemates sont de simples caveaux, où règne une humidité glaciale, d’autant plus que le chauffage n’a pas encore commencé. Par ce temps de grippe, c’est vraiment d’une hygiène particulière ». Et d’ajouter : « Qu’attend l’administration, – supérieure ou autre – pour rendre aux enfants l’air et la lumière et, lorsqu’il veut bien se montrer, le soleil, dont toutes les circulaires ministérielles proclament les bienfaits ? Le gros canon est loin, et le microbe est tout près33». Le Populaire s’indigne quant à lui d’un trop grand nombre d’élèves dans les classes, les instituteurs partis au front n’étant pas tous remplacés :

La voilà bien la prophylaxie ! Si les microbes y résistent, c’est qu’ils ont la peau dure ! Élèves et maîtres aussi !

Et notez que je ne parle pas des cas où les maîtres étant malades, car ils sont grippables aussi, leurs élèves sont répartis entre les bien portants, ce qui porte l ‘effectif des classes à 70 ou 80 enfants !

Voyons, Messieurs les Ronds-de-Cuir, un peu moins de circulaires et d’affiches, un peu plus d’intelligence34.

Le Petit Journal rapporte même les propos d’un médecin américain qui s’étonne (rait?) que la ville de Paris ne mette pas en place de « très grandes affiches, illustrées si besoin, et portant en lettres géantes les conseils essentiels, l’avertissement salutaire à la foule, le mot qui empêche l’imprudence » et ajoute qu’il a pourtant vu ce type d’affiches à Quimperlé en Bretagne35! Le Professeur Vincent préconise également une campagne d’affichage dans Paris lorsqu’il donne le même jour à Excelsior des notions contre la grippe, et explique à nouveau l’expérience qu’il a menée sur des malades avec et sans masque (voir plus haut) :

Combien serait-il désirable que l’on apposât, partout, et surtout dans les trains, le métro, les salles de spectacle, des affiches appelant l’attention sur le mode de contagion, et invitant expressément toute personne qui tousse ou qui éternue à tousser et à éternuer dans son mouchoir. Je demande cela, instamment. Le « projectile microbien » trouverait bien moins à s’ensemencer36.

Dès le 13 octobre, Le Radical a dénoncé (voir l’extrait ci-dessous) quant à lui des mesures insuffisantes, le manque de médicaments et de désinfectants, insistant sur le fait que les nombreux médecins présents au gouvernement (il fait allusion à Georges Clemenceau, président du Conseil et ministre de la Guerre, et à ceux que nous avons déjà évoqués) auraient dû prévoir et anticiper:

Gouverner, c’est prévoir.

Prophylaxie signifie également prévoir37.

masque 4Le grenadier, « Prophylaxie », Le Radical, 13 octobre 1918. Gallica (BnF).

Même critique le lendemain dans Le Journal qui souligne la contradiction entre le mot d’ordre du Comité permanent des épidémies et la réalité :

Fuyez la foule ! Les microbes aiment la société : pour ne pas les rencontrer, n’allez plus ni au théâtre, ni au cinéma, ni au café, ne prenez plus ni le métro, ni l’autobus, ni le train ; délaissez même les églises, car le temps n’est plus où, pour conjurer le fléau, il était recommandé de s’assembler, de processionner, de faire nombre au pied des autels. Cela guérissait jadis, mais depuis qu’il y a des microbes, cela ne réussit plus ! […]

Et il est plus que jamais difficile de s’évader de la foule, à cette époque moutonnante où la vie se passe à faire la queue.

Foules armées de l’avant, foules pacifiques de barrière, ce ne sont qu’entassements de vagues humanités où les microbes ont évidemment beau jeu pour se pousser dans le monde38.

L’Éclair titre par exemple le 17 octobre : « Le médecin parle -Mesures proposées – mesures prises – mesures à prendre39 ». Cette accumulation d’interpellations via la presse aboutit à un débat houleux à la Chambre le 25 octobre. M. Favre ayant indiqué que la pénurie de médicaments utiles contre la grippe allait être résorbée, le docteur Lucien Dumont, député radical-socialiste, intervient pour poser des questions sur la prophylaxie, indiquant selon Le Petit Parisien qu’on a tenté de l’écarter de la tribune, de peur que son intervention inquiète l’opinion publique :

On désinfecte, paraît-il, avec de l’eau pure, sans plus. Pourquoi ? Avouez donc que vous n’avez pas de désinfectant. Que n’allez-vous en chercher à Bâle. De prophylaxie dans les gares, les théâtres, le métro, les cinémas, il n’est pas question. Dans certaines rues, on continue à voir de nombreuses femmes, en file indienne ; pour obtenir des pommes de terre, et ne rapportant souvent qu’une bonne grippe. Je n’amplifie pas. Je constate simplement. Il est pénible de penser qu’au moment où nos soldats prodiguent leur héroïsme pour la reconquête de notre sol national, on ne fait rien à l’intérieur pour protéger leurs familles, leurs parents restés à l’arrière contre une redoutable épidémie40

Les transports inquiètent également les journaux qui signalent une hygiène insuffisante. Le XIXe siècle publie encore le 1er novembre une tribune très sarcastique. Après avoir longuement dépeint la promiscuité dans le métro (« On est empilé les uns sur les autres, nez à nez avec des gens qui toussent qui se mouchent, qui éternuent, qui ne sentent ni la pipe ou le goménol — pour ne citer que deux bonnes odeurs ! ») et les risques encourus, il conclut :

Et tous les journaux vous donnent de jolis conseils : gargarisez-vous à l’eau oxygénée ou à l’eau de rose ; mettez dans vos narines de l’huile goménolée. ou de la crème Floréine. Mais jamais on n’y lit : « N’allez pas dans le Métro! »

El pourtant ce serait bien utile – et bien juste – car le Métro est un des profiteurs de la guerre ; il a moins de voitures, des départs moins fréquents, moins d’employés – et il les paye moins cher puisque ce sont des femmes – et pourtant il fait plus d’affaires, sans vouloir essayer d’adoucir le sort des voyageurs.

Et il n’y a là-dedans, aucune organisation, aucune police, aucune hygiène, aucune humanité … aucune galanterie41.

Entre autres exemples d’imprévoyances imputées au gouvernement dans la gestion de l’épidémie, citons aussi la hausse du prix des thermomètres médicaux42. Il n’est donc pas étonnant de trouver dans L’Oeuvre du 26 octobre un couple de profiteurs de guerre sur fond d’épidémie. Pendant que Monsieur s’inquiète d’un retour à la normale de « la patate », lié à la fin proche des combats, Madame, nonchalamment occupée à lire un journal titrant sur « l’épidémie de grippe », lui conseille de spéculer sur l’aspirine.

masques 5L’Oeuvre, 28 octobre 1918. Gallica (BnF).

Parmi les mesures prophylactiques prises en 1918 qui suscitent l’étonnement : la désinfection et/ou la fermeture des théâtres et cinémas

Parmi les mesures prophylactiques envisagées en 1918 figurent la désinfection des lieux très fréquentés voire leur fermeture. Dès le début du mois d’octobre la Commission chargée de l’hygiène à Paris indique que vont être désinfectés les salles de classe et les mairies où l’on distribue les diverses cartes de rationnement, les trains de banlieue, les bus, tramways et métros43. Ces mesures, diversement appliquées, comme on a pu déjà le voir pour les transports, suscitent des réactions variées. Clément Vautel imagine que certains indélicats ne manqueront pas d’en tirer profit :

Tout cela finira, d’ailleurs, par des chansons et du business. J’attends l’intelligent commerçant qui mettra en vente des masques contre la grippe (nous aurons tous l’air de jouer un rôle dans un feuilleton cinématographique) et l’habile directeur qui fera passer cette note dans le courrier des spectacles : ‘Les personnes désireuses d’éviter la foule et ses microbes vont toutes au Théâtre X., où la nouvelle pièce fait salle vide tous les soirs44’.

Pour Alexis Caille, dans La Petite République, il est économiquement dangereux de fermer ce type de lieux et il vaut mieux les désinfecter : « en fin de compte le problème à résoudre pour lutter contre l’épidémie n’est pas de supprimer, mais bien plutôt d’aseptiser les agglomérations45 ». Les choix opérés par les autorités ne font pas l’unanimité :

La Grippe a posé plusieurs problèmes, d’ailleurs, dont on ne nous a pas donné la solution. C’est ainsi que nous avons appris avec stupeur que son microbe, redoutable dans les théâtres, perdait tout son venin dans les cafés, restaurants, usines et autres agglomérations généralement quelconques. Dangereux le soir, il revenait le jour à de meilleurs sentiments. C’était un chasseur de l’ombre, un apache des ténèbres, un noctambule. II épargnait les spectateurs des matinées dans les théâtres, mais il guettait avec colère ceux des soirées46.

Comme à son habitude, Clément Vautel47 imagine une application poussée à son paroxysme des mesures d’hygiène préconisées dans les théâtres (voir ci-dessous).

masques 6Clément Vautel, « Mon film« , Le Journal, 25 octobre 1918. Gallica (BnF).

De fait, les théâtres et autres salles de spectacles doivent parfois annuler des séances et désinfecter régulièrement les salles entre les représentations48. Ces mesures entraînent la méfiance des spectateurs qui viennent moins nombreux. Un journaliste du Petit Provençal dépeint un directeur de théâtre abattu devant « la feuille de location posée sur le bureau et où les petits carrés numérotés vierges de crayon bleu semblaient former autant de petits yeux narquois » :

— Ah ! ils sont malins, les hygiénistes ! Aller imprimer dans les journaux qu il faut éviter les salles de spectacles, sous prétexte que les réunions de personnes dans une atmosphère confinée…

 —Il est de fait qu’en temps d’épidémie…

— Quoi, en temps d’épidémie ? Mais alors, il faut interdire toutes les assemblées ! Il faut fermer les cafés, les églises, la Bourse, arrêter les tramways… Vivons-nous, oui ou non en société ? Oui ? Alors qu’est-ce que cela signifie « éviter les réunions » ? Mais il y en a partout, des réunions. Notre vie est ainsi arrangée que nous sommes obligés de nous réunir. Qu’est-ce qu’une grande ville, je vous prie, sinon une immense et perpétuelle réunion49 ?

On trouve donc dans de nombreux journaux des publicités destinées à rassurer les spectateurs voire à les amuser comme celle du Casino de Paris (voir ci-dessous).

masques 7Publicité pour le Casino de Paris, Le Journal, 7 novembre 1918. Gallica (BnF).masques 8https://f

 

 

 

 

 

 

-Entrefilepublicitaire pour le théâtre de l’Athénée, Le Matin, 26 février 1919.

Déjà affaiblis les années précédentes par une série de mesures réduisant leur activité pour raison de sécurité, les théâtres craignent ne pas survivre aux fermetures décidées en province par certains conseils d’hygiène de départements. En novembre 1918, Félix Huguenet, président de l’Union des artistes adresse une lettre vibrante au Journal pour la défense des salles fermées en province, en insistant sur les dangers plus grands que prennent les populations dans les files d’attente devant les commerces, les transports, etc, que dans des théâtres, dit-il, nettoyés entre les représentations50.

À l’inverse, certains journaux pensent que les mesures préconisées ne sont pas suffisamment respectées. À la fin d’un article peu tendre pour une administration qui n’applique pas totalement les conseils prophylactiques des médecins, et qui jouxte un témoignage éloquent (« La grippe espagnole en France – Impressions d’un rescapé »), La Lanterne indique :

L’ Administration pourrait trouver son devoir en ces observations d’une rigueur scientifique ; si elle veut vraiment la fin de la grippe, elle doit sans délai fermer églises, théâtres et cinémas. Les amateurs de spectacle pourraient s’imposer quelques restrictions, quand la grippe leur offre chaque jour un drame affreux aux cent actes divers51.

maques  9Publicité pour des brûle-parfums aseptisants, La Liberté, 27 février 1919. Gallica (BnF).

Quant à la population, habituée après quatre ans de guerre à bien des privations, elle semble plutôt philosophe. Ainsi le Bulletin paroissial de Mantes-la-Jolie indique que son local ayant servi de cantonnement puis d’hôpital, le cinéma venait de déménager provisoirement : « Victime de la guerre, le voilà victime de la grippe. La reprise fut laborieuse, il allait prendre forme à nouveau… lorsque la grippe sévit. La faculté s’inquiète, l’administration civile prend ses mesures, et voilà notre infortuné cinéma de nouveau en sommeil52 ».

masques 10La Presse, 26 octobre 1918. Gallica (BnF).

Si les médecins ont tenté dans la mesure du possible de faire respecter la prophylaxie dans les hôpitaux, si certaines mesures ne semblent pas avoir été discutées comme le « licenciement des écoles » (fermeture de certains établissements lors de trop nombreuses contagions ; rentrée décalée pour d’autres en novembre 1918), les autres décisions n’ont pas toujours été appliquées, faute de moyens. Les initiatives ne paraissent pas avoir toujours trouvé un grand écho. Ainsi, seuls quelques journaux évoquent une expérience intéressante menée à Troyes :

Au lieu de licencier purement et simplement les écoles de Troyes, le Préfet a décidé de les maintenir ouvertes et d’en faire des centres de prophylaxie. Aidé dans cette tâche par le professeur Piery, médecin consultant d’armée, et par le docteur Dujaric de la Rivière, de l’Institut Pasteur, chef du Laboratoire d’armée, dont une récente communication à l’Académie des sciences sur la grippe a eu un si légitime retentissement, M. le Préfet de l’Aube a créé un enseignement pour les instituteurs et institutrices de la ville. Et il a institué des mesures d’hygiène qui, espérons-le, survivront à l’épidémie. Les enfants apprennent à se laver les mains à l’eau chaude, non pour enlever la tache d’encre qui accuse leur maladresse, mais pour enlever tout ce qui souille la peau et présente un danger pour la santé publique. Les ongles sont coupés, les mains et les doigts brossés et désinfectés, la gorge nettoyée par un gargarisme53.

Du reste, les grands rassemblements à l’occasion de l’armistice, la circulation des soldats à l’occasion de leur retour du front, n’ont pu se faire en respectant toutes les prescriptions, contribuant vraisemblablement à la troisième vague de grippe espagnole en France au début de l’hiver 1919. Enfin, les mesures préconisées dans le for privé, comme l’isolement du malade dans une chambre, ne correspondaient alors qu’aux conditions de vie des populations les plus aisées …

=> Dans le prochain billet, nous nous interrogerons sur une tentative de prophylaxie entre 1918 et 1929 : masque ou voilette ?

masques 11Masque-le-matin-21-fevrier-1929-gallica-BnF-

 

Pour aller plus loin : Agnès Sandras, « L’humour face aux épidémies – Partie II. Rire au moment où se conjuguent la Grande Guerre et la grippe dite espagnole (1918), » in L’Histoire à la BnF, 06/04/2020,  https://histoirebnf.hypotheses.org/9234.

Agnès Sandras, « L’humour face aux épidémies – Partie III. Au plus fort de la pandémie de grippe (1918-1919), » in L’Histoire à la BnF, 09/04/2020,  https://histoirebnf.hypotheses.org/9380

Nejma Omar, « De la grippe espagnole au Covid-19, ces remèdes qui promettent des miracles« , Blog Gallica (BnF), 09/05/2020
 

Pierre Monteil, « 1918 : Les nombreux mensonges autour de la grippe « espagnole » », Retronews, 03/05/2018

L’image mise en avant de ce billet (« Les para-postillons » , Le Pêle-Mêle, 16 février 1919.) a déjà été utilisée dans « Isolement et port du masque : la pédagogie de la caricature« , L’humour face aux épidémies – Partie III. Au plus fort de la pandémie de grippe (1918-1919), » in L’Histoire à la BnF, 09/04/2020.

Citer ce billet : Agnès Sandras, "Vaincre les épidémies entre 1900 et 1929 : isolement, masques, sérums ou vaccins – Partie I. Mesures prises ou à prendre ?," in L'Histoire à la BnF, 14/12/2020,  https://histoirebnf.hypotheses.org/10398, [consulté le 29/12/2020].
  1. Freddy Vinet, La grande grippe. 1918. La pire épidémie du siècle, Paris, Vendémiaire. Page 203. []
  2. Nous reviendrons sur les sérums et vaccins dans le troisième billet. []
  3. N. Guérin, « Histoire de la vaccination: de l’empirisme aux vaccins recombinants », La Revue de Médecine Interne, Volume 28, 2007. []
  4. Ibid. []
  5. Voir à ce propos : Françoise Salvadori, Laurent-Henri Vignaud, Antivax : la résistance aux vaccins du XVIIIe siècle à nos jours,Paris, Vendémiaire, DL 2019 ; et « « Antivax »​ : l’histoire mouvementée de la vaccination depuis trois siècles », Propos de Laurent-Henri Vignaud recueillis par Marina Bellot, Retronews, 2019. []
  6. Le Journal6 février 1907. []
  7. Le Journal,7 février 1907. []
  8. Voir « Géraudel et les autres à travers le Journal Illustré vers 1887« , en ligne sur le site de la Société d’histoire de la pharmacie ; « Arthur Géraudel et les Pastilles Géraudel », en ligne sur Pastilles Géraudel d’Arthur Géraudel. []
  9. Félix Duquesnel, « Chronique du lundi », Le Petit journal11 février 1907. Sur Daniel Iffla-Osiris, voir ici sur le site de l’Institut Pasteur. []
  10. Voir Androutsos G, Diamantis A, Vladimiros L. « The great surgeon Eugène Doyen (1859-1916) and his disputable treatments of cancer », J BUON, 2008 Jul-Sep;13(3): 445-53 et Pierre Darmon, Histoires extraordinaires mais vraies de médecins diaboliques XVIIe – XXe siècles, Paris, Edilivre, 2020. []
  11. Docteur Meslier, « La grippe », L’Humanité14 février 1907. []
  12. Nicolet, « Dans les théâtres », Le Gaulois24 octobre 1918. []
  13. Sur l’antivivisection à cette période voir Jacqueline Lalouette, « Vivisection et antivivisection en France au XIXe siècle », Ethnologie française, Avril-Juin 1990, T. 20, No. 2, Figures animales (Avril-Juin 1990), pp. 156-165. []
  14. J. Duplanton – cobaye auxiliaire, « Fantaisie – Lamentations d’un auxi », Journal des mutilés, réformés et blessés de guerre19 octobre 1918. []
  15. Docteur Ox,  » Contre le virus de la grippe – sérum ou vaccin ? », Le Matin, 15 octobre 1918. []
  16. Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences publiés par MM. les secrétaires perpétuels, Paris, Gauthier-Villars, 1918. Page 610. []
  17. « La lutte contre la grippe », Le Temps4 octobre 1918. []
  18. « La guerre à la grippe – L’Académie mobilise – Quelques observations du Dr Netter », Le Matin, 9 octobre 1918. Sur la confiance qu’avaient les Français en ces recherches de l’Académie qu’ils souhaitaient voir publiées au grand jour, voir François Léger, « Les Français, l’Académie et la grippe espagnole », Site de la Bibliothèque de l’Académie nationale de médecine [en ligne]. Billet publié le 26 novembre 2018. Disponible à l’adresse :  http://bibliotheque.academie-medecine.fr/les-francais-lacademie-et-la-grippe-espagnole/ []
  19. « La Lutte contre la grippe », L’Homme libre11 octobre 1918. []
  20. Voir François Léger, « Les Français, l’Académie et la grippe espagnole », op.cit. []
  21. Voir Pierre Darmon, « Une tragédie dans la tragédie : la grippe espagnole en France (avril 1918-avril 1919) », Annales de démographie historique, 2000-2. Famille et parenté. pp. 153-175. []
  22. Voir Françoise Bouron, « La grippe espagnole (1918-1919) dans les journaux français », Guerres mondiales et conflits contemporainsvol. 233, no. 1, 2009, pp. 83-91. []
  23. Bulletin de l’Académie nationale de médecine, séance du 15 octobre 1918. Page 326. []
  24. Ibid. []
  25. Ibid. []
  26. Ibid. []
  27. « La lutte contre la Grippe – Intéressantes communications à l’Académie des Sciences », La Patrie, 16 octobre 1918. []
  28. Lucien Chassaigne, « A la chambre – On interpelle sur la grippe – Les mesures nécessaires », Le Journal, 26 octobre 1918. []
  29. Suite à cette crise, le premier ministère de l’hygiène, de l’assistance et de la prévoyance sociales est créé en 1920. Voir Murard Lion, et Patrick Zylberman, « Mi-ignoré, mi-méprisé : le ministère de la santé publique, 1920-1945 », Les Tribunes de la santé, vol. no 1, no. 1, 2003, pp. 19-33. []
  30. « L’épidémie de grippe », L’Éclair19 octobre 1918. []
  31. Richard Arapu, « La grippe », L’Oeuvre, 19 octobre 1918. []
  32. Docteur L…, L’Oeuvre22 octobre 1918. []
  33. Pater familias, « Ne cultivons pas la grippe », Journal des débats politiques et littéraires16 octobre 1918. []
  34. Le maître d’école, Grippe et ad-mi-nis-tra-tion », Le Populaire, 23 octobre 1918. []
  35. Le Petit Journal25 octobre 1918. []
  36. Henri Simoni, « La lutte contre la grippe », Excelsior25 octobre 1918. []
  37. Le grenadier, « Prophylaxie », Le Radical, 13 octobre 1918. []
  38. Clément Vatel, « Mon film », Le Journal, 14 octobre 1918. []
  39. « Le médecin parle -Mesures proposées – mesures prises – mesures à prendre », L’Éclair, 17 octobre 1918. []
  40. « Les mesures prises contre la grippe – un grand débat à la Chambre », Le Petit Parisien, 26 octobre 1918. Ces débats étant rapportés de manière très différente selon les journaux, il peut être intéressant de compléter par exemple par la version donnée par La Libre Parole du 26 octobre qui montre quant à elle des politiques faisant des bons mots sur la grippe. []
  41. Gab, « En passant – Le Métro et la Grippe », Le XIXe siècle, 1er novembre 1918. []
  42. « La Hausse des thermomètres médicaux », La Presse, 14 novembre 1918. []
  43. « L’épidémie de grippe », Le Journal, 11 octobre 1918. []
  44. Clément Vautel, « Mon film», Le Journal, 14 octobre 1918. []
  45. Alexis Caille, « L’asepsie nécessaire – À propos de la grippe », La Petite République, 27 octobre 1918 []
  46. P. B., « Elle et lui », La Petite Gironde, 23 novembre 1918. []
  47. Sur Clément Vautel, voir Laurent Joly, « Le préjugé antisémite entre « bon sens » et humour gaulois : Clément Vautel (1876-1954), chroniqueur et romancier populaire », Archives Juives, 2010, vol. 43(1), 23-38. []
  48. Voir Agnès Terrier, « Paris s’est vidée – Chapitre 2 la grippe espagnole« , 24 avril 2020. Site de l’Opéra Comique. []
  49. André Négis, « Propos de guerre »Le Populaire26 octobre 1918. []
  50. « La Grippe et le Théâtre en province », Le Journal, 3 novembre 1918. []
  51. Styx, « L’offensive contre la grippe », La Lanterne, 1er novembre 1918. []
  52. « Et le Cinéma… », Bulletin paroissial de Mantes-la-Jolie, novembre 1918. []
  53. « L’école, milieu de contagion ou centre de prophylaxie ? », Le Rappel, 4 novembre 1918. Sur le docteur Dujaric et Troyes, voir J.-M. Van Houtte, « L’origine virale de la grippe espagnole a été découverte par un médecin à Troyes en 1918 », L’Est éclair, 30 mai 2020. []

Agnès Sandras

chargée de collections en histoire de France au département Philosophie, histoire, sciences de