Humoresques

Rire et guérir

Appel à contributions : « Rire et guérir, de l’Antiquité à nos jours »
Revue Interstudia, no. 30/2021

Coordination : Dominique BERTRAND, Veronica GRECU

À paraître en décembre 2021

Les bienfaits thérapeutiques du rire sont constamment évoqués ces dernières années. De nombreux ouvrages de développement personnel nous expliquent que le rire peut guérir le stress, les douleurs, combattre l’anxiété. On fait intervenir les clowns à l’hôpital, on préconise des techniques de yoga par le rire en vue d’un lâcher-prise.

Un ouvrage a fait date, celui de Norman Cousin : Comment je me suis soigné par le rire (Payot, 2003).

En fait, l’idée que la joie peut guérir n’est pas neuve et la tradition du rire curatif, qui remonte aux sources de la médecine grecque, a connu ses heures de gloire et ses éclipses relatives. Elle s’est perpétuée dans les pratiques populaires de médecins bateleurs qui assortissaient de boniments la vente de drogues supposées miraculeuses. Les plus grands médecins de la Renaissance, comme Ambroise Paré et Laurent Joubert, ont expliqué le plus sérieusement du monde les ressorts anatomiques de l’action curative et prophylactique du rire. Cette médecine comique s’est vu parallèlement assumée et revendiquée par les écrivains facétieux, au point de devenir un topos des histoires comiques. Écrivains et médecins de la Renaissance ont ainsi invité leurs lecteurs à rire sans modération pour retrouver la santé et la joie de vivre.

Le siècle classique se propose en revanche de civiliser le rire, synonyme d’excès et de démesure, qu’il regarde d’un œil méfiant. La cure comique semble s’orienter vers les défauts de l’âme et de l’esprit, il s’agit de « guérir l’entendement des opinions erronées » selon la formule de la Lettre sur La Comédie de l’imposteur. Souvent transgressif, le rire, associé davantage à la nature qu’à la culture, s’accompagne d’une véritable libération de la pensée. Le motif du rire curatif ne semble plus avoir le même crédit qu’à la Renaissance et il semble s’être alors désincarné. Pour combattre le mal-être, on pratique l’autodérision et on démystifie les apparences en les raillant. Progressivement, le rire devient amer et acquiert, au XVIIIe siècle, les traits d’une philosophie et d’un art de vivre fondés sur le détachement. En effet, il n’y a pas de meilleur remède contre le désespoir et l’absurdité de l’existence humaine que le rire, allié de la raison.

De nos jours, le rire est devenu presqu’une obsession. L’antistress par excellence pour une société qui semble avoir perdu ses repères et son rythme, le rire n’est plus remède, mais recette d’un bonheur présent plutôt sur les affiches publicitaires que dans la vie de tous les jours.

Plusieurs axes de réflexion peuvent être envisagés pour traiter cette question qui pourra mobiliser une approche interdisciplinaire, à la croisée de l’histoire de la médecine, de la psychanalyse, de la littérature et des arts.

À titre de pistes de réflexions, on pourra s’interroger sur :

- l’évolution historique des représentations d’un rire qui guérit entre savoirs et imaginaire :

- l’histoire de la promotion des effets curatifs du rire

- l’analyse des modalités psychosomatiques de la guérison par le rire

- les témoignages de guérison par le rire

- les formes de démystification du rire curatif

- les modalités spécifiques de mise en œuvre dans les textes littéraires :

- mises en scène auctoriales de l’auteur en médecin

- promotion de la lecture comique et facétieuse comme pharmacopée

- humour et résilience

- effets d’incarnation et jeux de connivence

- entre cure médicale et « purge » satirique

- les pratiques d’écriture et de lecture mettant en œuvre une cure comique:

- la nature de la cure et ses enjeux modalités psychosomatiques de la guérison par le rire

- modalités psychosomatiques de la guérison par le rire.

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La revue accueille des textes en français, espagnol, italien et anglais, entre 15000 et 25000 signes max. (espaces et notes en bas de page inclus).

Chaque article sera soumis à une double évaluation en aveugle.

Calendrier

15 juin 2021 – envoi des propositions de communication (environ 1000 signes et 5 mots-clés), accompagnées d’une notice bio-bibliographique

1er juillet 2021- réponse aux contributeurs

1er octobre 2021– envoi des textes in-extenso

15 novembre 2021 – envoi des textes dans la variante finale

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Les propositions d’articles ainsi que les textes définitifs seront envoyés à :

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