L'autre juif américain - emprunt lexical au yiddish
Frédérique Brisset
« L’Autre » juif américain : l’emprunt lexical au yiddish dans l’anglais américain des films de Woody Allen, un enjeu pour le doublage
Lexis Journal in English Lexicology, 3 | 2009 Borrowing
Si Allen est considéré comme l’héritier des grands burlesques américains, dont les Marx Brothers, il est comme ces derniers l’incarnation d’une tradition d’humour juif. Sa judéité, certes plus culturelle que religieuse, se traduit notamment par l’autodérision appliquée à ses alter ego, qui renvoient le plus souvent à la tradition du Schlemiel, et implique l’utilisation récurrente d’emprunts lexicaux au yiddish. Ceux-ci sont majoritairement intégrés par les locuteurs américains car l’apport linguistique du yiddish à l’anglo-américain et son influence dépassent largement le cercle de la communauté juive des États-Unis. Cet impact est dû à une présence massive dans le monde du spectacle et des media et à la facilité d’intégration lexicale et syntaxique du yiddish dans la langue américaine de par leur filiation germanique commune. Au-delà des motivations technique et sociolinguistique habituelles de l’emprunt, une motivation expressive spécifique se dégage de leur usage, car nombre d’entre eux connu une extension sémantique en intégrant le lexique anglo-américain. Cette donnée, ainsi que la charge culturelle qu’ils portent impliquent des problèmes spécifiques lors de leur transfert dans une tierce langue, comme on peut le voir dans les versions doublées en français des films de Woody Allen.
En lecture directe: https://doi.org/10.4000/lexis.679
Sommaire
1.1. Motivation et genre filmique
2. Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le yiddish…
2.2. Yiddish: l’emprunteur emprunté ?
3. La fonction expressive des yiddicismes : argot mais pas trop
4. Les emprunts à motivation technique : whatever works
4.3. Emprunts et anthroponymes
4.4. Le « technolecte » religieux
5. Traduire les emprunts ? Accords et désaccords